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Le débat... Le but de cette première rencontre organisée par organisée "Lo debat occitan" était bien de débattre. Il en fut ainsi pendant près de trois heures, dans plusieurs directions, avec des réflexions plus ou moins argumentées et même de simples interrogations. Les discussions ont été entamées autour de la critique des thèses réformistes de Lafont et Castan et de leur filiation théorique avec les thèses de la IIe Internationale sur la question nationale. Un échange de vues a débouché sur les différends théoriques entre marxisme et IIe Internationale (austro-marxistes) dont l'étude devrait pouvoir trouver place dans un travail plus spécifiquement théorique ou de formation, tant les questions soulevées sont multiples et importantes. Puis le débat s'est centré sur des questions plus immédiatement liées à nos revendications et à notre engagement. C'est ainsi que l'on fit une approche de la décentralisation et du fédéralisme à travers le prisme espagnol et catalan - Certes tout occitaniste peut y trouver une référence. Il y a un gouvernement autonome, un budget, des moyens... Pourtant remarque-t-on, il faut relativiser et ces situations sont néanmoins fragiles - Ainsi la langue catalane n'est pas à l'abri de reculs - Ces structures font l'objet de contestations radicales comme au Pays basque - Chaque autonomie peut revenir sur son statut - Un autre échange nous a amené sur le terrain de notre lutte et de ses caractéristiques. Il a été souligné le lien à établir entre émancipation sociale et émancipation nationale. - On ne peut pas mener de lutte uniquement sur la question de la langue et on doit réfléchir sur notre situation économique - D'autres réflexions suivirent: Par exemple les jeunes catalanistes posent la situation politique qu'ils vivent - Le concept d'Occitanie on le découvre plus tard en étant né ici. En même temps on découvre la situation politique de l'endroit où l'on vit - On veut décider de sa vie ici - Tant qu'à changer les choses, il faut aller de l'avant en construisant un pays sur la base de l'autodétermination. La décentralisation telle qu'elle est proposée ne rentre pas dans ce cadre. On veut construire - Ce qui est nouveau - On a tout à faire - On n'attend rien des mouvements existants - Comment s'en sortir? On est face à un vide - On doit créer un projet de peuple occitan. On doit compter sur nos propres forces. Il faut trouver nos ressources en nous, ce qui n'empêche pas de prendre exemple sur les autres. Interpellations ensuite sur la langue et sa transmission, mais aussi la conscience, l'aliénation - Il semble que l'Occitanie existe de façon évidente. Mais l'état de conscience d'être occitan est tellement minime, peu palpable... Cela pose un grand problème. Aujourd'hui on se pose la question. Pourquoi n'a-t-on pas transmis cette langue? Comment en est-on arrivé à être un peuple aliéné - Des tentatives d'explication : C'est en échange d'autre chose, d'un mieux social, c'est la différence avec les peuples qui ont subi la répression directe - Le centralisme est quelque chose que l'on a intégré. L'éducation nationale en est un instrument. C'est de cela qu'il faut se libérer. C'est cela qui bouffe notre identité à tous - Il n'y a que par la création, en faisant parler les sujets qu'on y arrivera - La politique et la culture sont des créations et ne sont pas dissociables - - Aliénation d'accord, mais cela ne suffit pas. Il y a des raisons sociales, psychologiques... On oublie les méfaits de la guerre 14/18 à l'occasion de laquelle l'instituteur a remplacé le père. C'est le discours de ces "hussards noirs de la République" qui est rentré dans les esprits des gamins. Aujourd'hui on voit plus de monde sur les monuments aux morts que dans les maisons de certains villages - - Un des nœuds est la politique linguistique, à cheval sur le culturel et le politique. Des gens ne font pas le pas entre leur ressenti affectif par rapport à leur langue et une volonté politique - On est face à une politique française linguistique menée depuis un moment et qui aboutit - Ce qu'il faut aujourd'hui pour réellement sauvegarder cette langue, c'est revendiquer une réelle politique linguistique et culturelle. Les différents pouvoirs locaux ont leur action à mener - On n'a pas besoin de Paris pour changer la signalisation d'une ville - On a obligation et nécessité de parler la langue. Si on veut qu'elle soit vivante, il faut être responsable par rapport à la langue et la parler - - Qu'est-ce qu'un autre occitanisme? Que voulez-vous? Que peut-on faire de mieux, et comment? Plus d'organisation, meilleure structuration, formation, politique d'implantation et de recrutement, etc. - On a besoin de faire avancer le débat - C'est un projet révolutionnaire et d'extrême gauche dans lequel on s'inscrit. On veut créer quelque chose d'autre qui aille dans le sens des intérêts collectifs - Un mouvement doit se battre à un niveau local mais aussi européen Ce que l'on subit ce sont les décisions des représentants du capital européen. On doit lutter sur ces deux plans. Lorsqu'on est allé à Köln (Cologne) et Baiona, contre les sommets européens, c'est ce que l'on a voulu faire - La problématique doit être aussi internationale. L'Etat français est dépassé - Il y a un niveau occitan et un niveau international. On devra dépasser les Etats - - Toutes les mobilisations européennes sont marquées par la tendance à gérer ce qui existe. Lorsqu'on sort de cela on est perçu comme des utopistes, alors qu'on a tous les outils pour faire autrement et c'est possible - Lorsqu'on a des revendications on doit les adresser à l'Europe et pas seulement à l'Etat français - Ce n'est pas de l'utopie d'agir où l'on se trouve et de prendre la parole sur l'Europe - - La prise de conscience d'être occitan est la priorité - Le mouvement occitan doit faire un bilan - Il a toujours cru les promesses électorales, attendu de l'extérieur - On doit s'approprier les pouvoirs. Sans cela on disparaîtra - La décentralisation, elle n'a que le nom et n'est aucunement réelle - On doit se poser en rupture par rapport à ce qui a déjà été fait - Il était difficile d'approfondir un thème en particulier, les discussions étant peu cadrées. Dorénavant il sera bon de veiller à l'organisation du débat afin de tirer un meilleur parti tant de la contribution que des échanges... Les questions abordées se retrouveront sans nul doute dans les prochaines rencontres. Debat
deu 5 d’abriu (avril) deu 2003 : Quau vision deu monde ? cultura e lenga
occitanas de cara a las questions essenciaus. Lieu : A la Bourse du travail,
place des Droits de l’Homme à Tarbes, 14h. Quelle vision du monde ? culture et langue occitanes face aux questions essentielles - Si nous pensons que nous souffrons, nous occitans, comme tout occidental d'une vision du monde sans queue ni tête : celle qui promet le " développement ", si nous pensons que cette vision, nous sommes en train de l'imposer aux pays dits pauvres,- si nous voulons tirer les leçons des rendez-vous manqués pour changer fondamentalement le monde où nous vivons :il nous faut récupérer au plus vite nos façons d'être profondes. Notre vie sociale et culturelle sert à remplir les vides laissés aujourd'hui à la consommation : récupérons-les, l'instrument pour ce faire est la langue. Domenja Lekuona et Benoît Larradet poseront le débat sur la place de notre culture dans le combat politique, les réalisations alternatives bâties depuis les vingt dernières années. Nous proposons de discuter des ressources d'énergie finies, de l'appauvrissement des terres, du gaspillage de l'eau, du dérèglement climatique et du contrôle par nous-même de notre destinée. |